Lucie Dubois
« S’opposer au stockage des déchets nucléaires à Bure. Du conflit d’aménagement aux utopies écopratiques. »
Mémoire de Master soutenu en 2022 sous la direction de Mireille Diestchy et Barbara Morovich

Cigéo, le Centre de stockage industriel géologique conçu par l’Andra, l’Agence de gestion des déchets radioactifs, doit accueillir d’ici 2035 les déchets les plus dangereux de la filière nucléaire française à près de cinq cents mètres sous terre. Le projet, devant confiner les déchets nucléaires durant près de cent mille ans, fait l’objet d’une vive contestation locale depuis que le village de Bure, à la frontière de la Meuse et de la Haute-Marne, a été retenu pour accueillir le site de stockage dans les années 1990. Depuis plus de trente ans, les habitant·es de ce territoire se mobilisent, manifestent, portent des recours en justice et occupent le terrain pour empêcher l’arrivée des déchets en Meuse et pour bloquer la filière nucléaire française en bout de chaîne.
Ce travail de mémoire cherche à montrer que les « lieux de vie de lutte » comme celui de Bure sont bien plus que des lieux où se jouent des conflits d’aménagement. Les espaces de contestation écologistes, parfois qualifiés de ZAD, constituent ainsi avant tout des laboratoires d’expérimentation qui offrent la possibilité de confronter dans le réel différentes visions de société et d’avenir. À Bure, comme ailleurs, les activistes ne se contentent ainsi pas de s’opposer, mais développent également des modes de vie et des dynamiques territoriales alternatives aux logiques capitalistes, des formes d’utopies écopratiques.

Figure 1 : Le projet Cigéo et sa connexion aux infrastructures routières et ferroviaires du territoire d’accueil. © Lucie Dubois
Figure 2 : Une manifestation contre le laboratoire à Bure en 1998. © Collectif BureStop 55
Figure 3 : Les utopies écopratiques développées à la maison de résistance de Bure, entre porosité des espaces intérieurs/extérieurs, mise en commun et économie des ressources. © Lucie Dubois