Denis BOCQUET
Jeune assistant sur les pentes du Palatin de l’archéologue et historien de la ville antique Yvon THÉBERT, Denis BOCQUET (Grenoble, 1970) s’est dès le début de ses études orienté vers l’histoire urbaine. Auprès de personnages comme Bernard LEPETIT, Annie FOURCAUT ou Jean-Luc PINOL, qui en ont renouvelé les fondements à l’aube des années 1990, il s’est rapidement positionné en faveur d’une histoire des villes qui s’attache à l’étude des relations entre sphère de la politique ou de l’idéologie et transformation physique du bâti et des infrastructures. Une histoire, en somme, qui ne prenne pas pour argent comptant la sémiotique de l’architecture ou les narrations affichant un lien ontologique entre la forme et le processus social l’ayant suscitée, mais qui au contraire aille s’immiscer dans les interstices de la contradiction, de l’accommodation et de la médiation.
Sous la direction d’Alain CORBIN à la Sorbonne, puis de Robert ILBERT à la Maison méditerranéenne des sciences de l’homme et enfin d’Antoine PICON à l’École nationale des ponts et chaussées, il a exploré, au cours des différentes étapes de sa formation puis de sa pratique de la recherche, cette dimension au sujet de villes aussi variées que Paris, Rome et Dresde et de périodes allant du XIXe siècle aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale. Mais son enseignement dans une école d’ingénieurs l’ayant progressivement porté à une intimité plus grande avec les villes du temps présent, il a complété son parcours par une attention aux enjeux cette fois contemporains du rapport entre ville et technologie, ville et environnement et toujours ville et idéologie, notamment au sujet de Singapour.
Cette leçon inaugurale ouverte à tous, ne constitue cependant pas un simple panorama de cette évolution. Il s’agit plutôt de l’exploration de phases de sa recherche encore en devenir, autour de l’idée d’un retournement de la puissante dichotomie animant les imaginaires urbains entre l’authenticité de certaines villes ou quartiers et l’aspect factice de certains autres. D’un multiplex de la banlieue de Rome à un restaurant de Dubaï, d’un parc d’attraction d’Hammamet à un jardin communautaire singapourien ou à un pont sur l’Elbe à Dresde, ses réflexions se proposent comme une invitation à repenser le lien entre espace construit, images de la ville, anthropologie des sociétés urbaines, idéologie de la ville et sphère de l’urbanité.