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46ᵉ rencontre nationale des agences d’urbanisme

Projet Alter-Bruche

Inscrit dans la Chaire MTP, l’atelier de projet M1/M2 «Infrastructural Commons - Vallée de la Bruche» co-dirigé par Anne Jauréguiberry et Andreea Grigorovschi, a eu le plaisir d’intervenir dans la séquence «L’eau de là-haut. Planifier dans un contexte de moyenne montagne» organisée dans le cadre de la 46ᵉ rencontre nationale des agences d’urbanisme, qui s’est tenue le 16 octobre au Champ du Feu.

Les étudiants de l’atelier ont présenté leurs travaux de cartographie alternative de la Vallée de la Bruche, une approche humaniste et conceptuelle visant à faire un pas de côté pour donner à voir le territoire au prisme de l’infrastructuralisation de la vallée - de l’eau, du sol et de la forêt, considérés à la fois comme ressources, biens communs et entités vivantes.

Ce travail démarré en atelier représente une démarche pilote pour le projet de recherche-action Alter-Bruche (AMUP/chaire MTP) construit en partenariat avec Jean-Yves Georges (écologue & directeur de recherche CNRS, de l’Institut Pluridisciplinaire Hubert Curien) et réunissant plusieurs enseignant.e.s-chercheur.e.s de l’ENSAS, de la HEAR et de l’INSA Strasbourg. Ce projet a été récemment lauréat de l’appel «Initiate» de l’Institut Thématique Interdisciplinaire SWITCH de l’Université de Strasbourg, du CNRS et de l’Inserm (https://switch.unistra.fr/).

Le projet Alter-Bruche

Ce projet s’inscrit dans une démarche de recherche-action transdisciplinaire autour de l’adaptation, la résilience et l’habitabilité désirable de la Vallée de la Bruche, par une approche multiple autour des matrices naturelles, paysagères et infrastructurelles liées à l’eau.

Ce territoire de moyenne montagne, historiquement animé par les industries minière, métallurgique et textile, accueille aujourd’hui essentiellement des zones d’habitations et de tourisme de plus en plus prisées. Toutefois, l’intensification des usages combinés aux effets du changement climatique perturbe les fonctionnalités (naturelles et autres) du territoire, en particulier celles associées à l’eau : l’épisode de pénurie d’eau potable lié à l’asséchement des sources naturelles venant du massif des Vosges à l’été 2018 et les inondations de plus en plus fréquentes et abondantes comme celles de l’hiver 2023 en sont des exemples marquants.

Fort de ces constats, comment penser les conditions d’habitabilité future de ce territoire ? quelles formes d’urbanité/ruralité, quels communs, quels modes de vie, quelles infrastructures pourraient soutenir l’habitabilité désirable de la Vallée de la Bruche ?

Ce projet propose de répondre à ces questions par une perspective biorégionale (sensus Peter Berg), approche basée sur les spécificités écologiques des territoires à penser leur « ré-habitation » (Berg, Dasmann, 1977) selon de nouvelles relations des humains aux milieux, aux ressources et au vivant. Ainsi, l’eau sera abordée en tant qu’élément, milieu de vie, entité vivante, bien commun, ressource, mais également risque potentiel. 

En particulier, il s’agira :

  1. d’enquêter sur les modes d’infrastructuralisation de la vallée au prisme des « régimes de l’eau », au sens d’assemblages de perceptions, représentations, savoirs, intérêts, pratiques, et de matières spécifiques structurant les rapports à l’eau des acteurs et communautés locaux ;
  2. d’évaluer le potentiel de la vallée, en termes de reconnexion et resynchronisation des modes d’habiter (imaginaires, métabolismes, pratiques) au territoire et aux cycles naturels à partir des concepts d’« infrastructures du commun » et des « infrastructures du vivant » (Grigorovschi, 2025a&b).
  3. de mettre en place une démarche expérimentale, basée sur l’alter-(carto)graphie qui permet d’hybrider la relation entre description d’un territoire et projection, entre compréhension critique d’un déjà-là et de ses évolutions possibles. Cette relation sera discutée du point de vue méthodologique afin de problématiser, voire redéfinir, les notions précédemment évoquées.


La visée de la recherche-action est la fabrication d’un Alter-atlas de la Vallée de la Bruche, qui regroupera les principaux résultats des trois axes ci-dessus, et discutera, dans une compréhension historique, prospective, technique, sensible et paysagère, des cultures d’habiter et leurs formes spatiales et infrastructurelles, suivant les rapports qu’elles entretiennent avec l’eau.

Ce projet de recherche-action s’articule à deux cycles d’ateliers-projets Urban studio & Un/Building for more-than-humans (2025-2027) initiés à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Strasbourg (ENSAS), en co-construction avec l’Institut Pluridisciplinaire Hubert Curien et les acteurs du territoire (ComCom Vallée de la Bruche, ADEUS, Syndicat du bassin versant Bruche-Mossig) impliqués dans la révision du nouveau Plan Local d’Urbanisme intercommunale de la Communauté de Communes de la Vallée de La Bruche prévu pour 2027.
 

Félicitations à l’ensemble des étudiant·es — Anna Barnola, Gayatri Bauraing, Valentine Beigneux, Manon Brun, Yasmine El Bada, Sébastien Fercot, Carla Guyon, Jiela Joseph, Colaine Jourdier, Mariam Khlifi, Talissa Le Breton, Noemi Lorenc, Romane Mathelin, Benjamin Nullans, Coralie Payet, Roaa Sabri, Natalia Santana Quintero et Rémi Urbain — pour la grande qualité de leurs travaux et de leurs présentations : des propositions à la fois rigoureuses, inventives et profondément ancrées dans la complexité du territoire.

 

Merci à nos collègues Alexandra Pignol, Jeremy Hawkins, Daria Ayvazova et Mireille Tchapi, membres de l’équipe pédagogique et scientifique, pour leur accompagnement et leur investissement dans ce projet.

 

Un très grand merci à nos partenaires institutionnels — Tom Spach (Communauté de communes de la Vallée de la Bruche), Vincent Piquerel, Nathalie Oulman et Stéphane Hamm (Adeus), Morgane Pacaud (Syndicat mixte du Bassin Bruche Mossig) — pour leur soutien et leur implication précieuse dans ce projet.

 

Enfin, nos remerciements chaleureux à Nathalie Oulmann et Vincent Piquerel de l’ADEUS pour l’invitation et pour l’accueil, ainsi qu’à l’ensemble des participant·es pour la richesse des échanges qui ont nourri cette rencontre.