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Hélène Jannière

“L'architecture est le plus difficile à juger de tous les arts“: la critique architecturale en quête d'autonomie

«La critique architecturale n’est ni un genre littéraire, ni une profession. C’est avant tout une attitude intellectuelle par laquelle le discours devient - dans la solitude et la conscience de la crise - jugement, séparation, décision».

Par ces mots, le critique et historien espagnol Ignasi de Solà-Morales (1942-2001) rejetait implicitement en 1995 l’analogie de la critique architecturale avec la critique d’art, entendue comme «genre littéraire» : une définition forgée par les historiens de l’art au début du 20e siècle, s’appuyant sur la pratique de la critique dans les Salons français du 18e siècle. En déclarant que la critique d’architecture n’est pas une profession, Solà-Morales rejette également l’idée de la critique en tant que «journalisme architectural». L’affirmation de Solà-Morales pose donc la question de l’autonomie et de la spécificité de la critique architecturale. Pour l’historien de l’architecture anglo-canadien Peter Collins (1920-1981), ces concepts étaient également cruciaux.
En s’appuyant sur certains écrits de Collins sur la critique et le jugement architectural, cette conférence tentera de démêler les différentes significations de l‹ «autonomie» de la critique architecturale, ses relations avec la notion de jugement et la spécificité revendiquée de ses critères.